Des nouvelles d’Henri... (article sur son départ ICI, et toutes les photos et aventures ICI)

Henri est parti mi-septembre en pèlerin mendiant vers Jérusalem, mais les évènements récents dramatiques en Terre Sainte l’ont contraint à changer son périple. Il a décidé de bifurquer vers Rome, et après 72 jours, 1676 Kms, une belle Aventure, de nombreuses rencontres, il vient de terminer son pèlerinage, il est à Rome.

Ma route prend fin aujourd’hui, mais la plus importante continue, celle de la vie.
Merci, à toutes les personnes qui ont été une aide sur le chemin.
Un jour, je repartirai, car le Saint-Sépulcre attend son pèlerin.
Je suis allé chercher la solitude, et je n’ai jamais été seul.
J’ai prétendu vouloir être un mendiant, un pauvre, j’ai été reçu souvent comme un prince, mais j’ai aussi compris ce qu’était la vraie pauvreté.
Mon regard a totalement changé sur toutes ces personnes qui mendient dans nos rues. J’ai parfois été des leurs et je sais désormais à quel point il est difficile de vivre en étant vu comme un déchet de la société, ne sachant jamais si la gamelle sera remplie et si la nuit sera difficile.
Souvent, il nous faut vivre les choses pour les comprendre.
J’ai aussi compris que l’argent était un moyen, mais en aucun cas une fin.
Je croyais trouver des réponses, j’ai appris que mes questions étaient tout simplement inutiles.
J’ai voulu découvrir de nouveaux pays, j’ai découvert le mien.
J’ai voulu rencontrer les autres, la plus grande des rencontres fut avec moi.
Je voulais aller à Jérusalem, mais l’arrivée n’était pas une finalité, le plus important se trouvait dans les rencontres.
En voulant aller en Terre Sainte, j’ai foulé une terre peuplée de saintes personnes.
J’ai découvert que la misère du monde ne se cachait pas que derrière les bidonvilles, mais aussi derrière les cravates. Car les cravates ont la misère du cœur tandis que les bidonvilles ont la misère matérielle.
Il y a eu des regards qui m’ont fait pleurer :
Certains, face à la misère, d’autres face à ma misère dans le reflet des yeux qui me regardaient.
J’ai souvent eu faim, soif, froid, j’ai été trempé par la pluie ou par la sueur des canicules, j’ai cru parfois que mon corps lâcherait, mais j’ai compris que "je peux tout en celui qui me fortifie".
Tant de choses si simples sont devenues un luxe pendant ces 72 jours, tout devenait joie, du simple rayon de soleil au sourire d’un passant.
En portant dans la prière les difficultés des gens que je rencontrais, je prenais conscience que mes difficultés quotidiennes étaient insignifiantes.
Ce que j’ai fait, je n’en suis pas capable, ça n’est pas le fruit de mon courage, je crois ne jamais avoir été courageux, mais c’est le fruit de la foi.
Je crois avoir touché du doigt ce qu’est l’abandon : une confiance absolue en Celui qui peut tout.
Ce pèlerinage est une vie dans la vie, avec ses difficultés et ses instants de bonheur.
J’ai une grande espérance dans l’être humain. Au journal de 20h on a souvent les pires nouvelles, pendant que souvent à 20h, j’étais nourri par des inconnus qui me recevaient comme si j’étais de leur famille.
J’éprouve de la tristesse à arrêter ma marche, j’éprouve du soulagement à sortir de la mendicité.
J’ai conscience que marcher est une activité dangereuse, j’ai rencontré tellement de marcheurs sur le chemin qui marchaient pour fuir leur vie, et je sais que cette parenthèse doit se clôturer pour ne pas devenir une fuite.
J’aimerais tellement mieux vous transmettre ce que j’ai vécu, les posts quotidiens ne sont que des pixels et trois mots assemblés pour former une phrase, mais il n’y a pas de mot pour raconter, il faut prendre le sac, laisser derrière soi son porte-monnaie et marcher.
Le voyage est aussi beau qu’il est dur.
J’ai trouvé ce que je cherchais : la paix intérieure.
Une dernière chose, j’ai appris à sourire dans toutes les situations, et ça change tout !

À bientôt,
Soyez bénis.
Henri